Cet article se veut de poser le problème de l’ambivalence des sens donnés à la place de la prostitution féminine. Il est fondé sur des enquêtes effectuées auprès de jeunes femmes issues du milieu rural dans la campagne de l’état de Paraiba (région du Littoral Nord et de la région marécageuse). Les trajectoires de vie de ces femmes révèlent un historique familial marqué par divers types de violences et par différentes stratégies d’autonomie pour surmonter ces expériences de privations, même si, très souvent, celles-ci se répètent dans leur relation avec des proxénètes et des clients. La prostitution est considérée comme une stratégie d’appropriation de son propre corps, de pratiques sexuelles peu conventionnelles et, en même temps, comme une situation transitoire perçue comme un moyen de construire des projets d’avenir, pour le moins dans l’idéal, hors prostitution. Notre recherche, de par son caractère socio-anthropologique, révèle que les mécanismes d’acquisition de l’autonomie reproduisent un modèle de domination et offrent peu d’alternatives permettant à ces jeunes de résister aux normativités et aux moralités en vigueur.
Prostitution féminine; Jeunesse; Zone rurale; Paraíba; Famille