Cet article analyse les variations du discours statistique produit par la Direction Générale de Statistique entre la crise de l’Empire et le déclanchement de la révolution de 1930. Nous soutenons l’hypothèse selon laquelle la transformation de la notion de population, au sein du mouvement nationaliste des années 1910 et 1920, a introduit de nouvelles possibilités d’usages conclusifs de données officielles, élevant ainsi la statistique à une dimension plus normative. Nous nous sommes appuyés sur les recensements, l’annuaire statistique, les œuvres commémoratives et les articles de presse, afin d’examiner les changements dans la mise en forme des informations sur l’éducation, la santé et la structure professionnelle, c’est-à-dire, les domaines qui synthétisent la notion du social au cours de cette période. Grâce aux contributions de Foucault sur la gouvernementalité ainsi qu’à l’historiographie de la statistique, l’article a pour objectif général d’attirer l’attention sur une approche généalogique de la population. L’objectif spécifique est celui de révéler l’importance des études sociales de la statistique dans le renouvellement de notre compréhension de la Première République.
Construction de l’État; Question nationale; Sociologie historique de la statistique
