Cet article analyse les langages politiques en conflit dans la définition de la souveraineté – un sujet cher à la théorie politique – dans la période précédant la Révolution Française, au moyen de l’œuvre Catéchisme du Citoyen , de Guillaume de Saige. Écrit en 1775 (réédité en 1787) et interdit par le Parlement, ce travail est interprété (avec d’autres écrits patriotes) comme une réponse au problème de la légitimité ouverte lors du dernier Sacre, à Reims, lorsque qu’une partie notable du rite a été abolie : le moment de la cérémonie dans laquelle le roi demande le consentement du peuple pour gouverner. Quoique cela puisse paraitre anodin, un tel changement liturgique révélerait l’intention de Louis XVI de recourir à la rhétorique conventionnelle de la monarchie, en dispensant la ritualisation de l’élection nationale. Il appartient, en premier lieu, à la théorie politique d’analyser de tels pamphlets et brochures, qui sont encore peu connus et à propos desquels ils n’existent que de rares études, tout en les articulant avec les analyses plus systématiques de la France du XVIIIe siècle pour l’établissement des « conventions linguistiques » de l’époque ; et, en second, pour une disposition critique par rapport au passé. Il ne s’agit pas, ainsi, de reconstituer les discours d’une certaine période historique par un simple dilettantisme, mais de comprendre que la distance qui nous sépare de cette période apporte une lumière à propos des fondements de nos propres langues politiques.
Autorité; Langages politiques; XVIIIe siècle – France