L'article analyse les styles créés dans la musique populaire au Brésil au cours des années 60, et cherche à les appréhender en termes de continuités et de discontinuités avec la bossa nova. L'argument central est le suivant: malgré le fait que les expériences harmoniques des "bossa-novistas" aient influencé plusieurs compositeurs de la génération postérieure, ceux-ci ont rompu avec l'esthétique de modération inaugurée par la bossa nova, ajustée aux idées de la rationalité, du dépouillement et du fonctionnalisme qui caractérise plusieurs manifestations culturelles de cette période, comme la poésie concrète et l'architecture de Oscar Niemeyer. Les musiciens qui sont apparus postérieurement - entre la chanson politiquement engagée et la tropicália - ont récupéré la vision moderniste habituelle selon laquelle le Brésil est conçu comme étant un univers inépuisable d'informations culturelles, archaïques et contemporaines, régionales et universelles, faisant appel à l'esthétique de l'excès.
Musique populaire; Bossa nova; Tropicália; Années 60; Modernisme