L’objectif de cet article est de revenir sur le débat à propos du marxisme et du postcolonialisme, dans le but de révéler, à partir de cette opposition, un terrain de critique constructive. Ce raisonnement est divisé en trois étapes. La première distingue deux facettes constitutives de la pensée de Marx: l’une d’héritage eurocentrique, qui réécrit des thèmes de l’illuminisme et de la philosophie de l’histoire hégélienne ; l’autre qui propose un regard moins téléologique sur les périphéries, le colonialisme européen et les perspectives de l’émancipation humaine. La seconde aborde le postcolonialisme comme un mouvement hétérogène de théorie critique périphérique, en séparant aussi deux tendances contrastées: un courant fortement déconstructionniste qui tend à rejeter le marxisme comme l’une des métanarrations modernes ; un autre qui se partage et se développe en un étroit dialogue avec les luttes anticoloniales du XXème siècle. La partie finale indique les potentialités de reconstruction conceptuelle entre un marxisme anti-eurocentrique et un postcolonialisme qui ne s’abstient pas d’identifier les grandes structures de domination de la modernité.
Mots-clés:
Théorie critique; Postcolonialisme; Marxisme; Eurocentrisme