L'article critique les études qui analysent la formation sociale brésilienne selon le paradigme théorique du personnalisme. L'auteur privilégie le débat avec la sociologie duale de Roberto Da Matta. Du point de vue métathéorique, il critique la présupposition -- le plus souvent implicite -- d'un concept unilatéral et indifférencié de modernité occidentale qui rend possible la définition du Brésil en tant que l' "autre" de la modernité. D'un point de vue plutôt théorique, il critique l'absence d'une théorie de stratification sociale, qui aurait permis une compréhension adéquate de la relation entre les valeurs et leur institutionnalisation. La seconde partie de l'article propose une interprétation alternative à celle de Da Matta, suivant laquelle la considération des aspects négligés par l'analyse de cet auteur aurait permis de percevoir la cohabitation entre le retard et la modernité, ainsi que la coexistence entre la possibilité d'une réelle ascension sociale et la marginalisation, aspects qui ont toujours caractérisé la société brésilienne. Le concept alternatif proposé pour la dynamique de développement brésilien est celui d'une "modernité sélective", qui posséderait, historiquement, une dynamique de classe, à partir de l'appropriation différentielle de l'influence et des valeurs européennes.
Sociologie du personnalisme; Sociologie damatienne; Modernisation sélective; Dilemme brésilien; Citoyenneté duale