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Pintura, loucura e cultura (1956)

Resumé

Cette étude s’inscrit dans une recherche plus générale sur les rapports entre l’immigration et les troubles mentaux. Elle laisse donc de côté la plupart des problèmes traités par ceux qui s’intéressent à l’art psychopathologique, comme les rapports entre l’art et la folie, la valeur esthétique et la valeur thérapeutique de la peinture, pour se borner à une analyse en quelque sorte “ethnologique” des peintures des aliénés. Une telle espèce d’analyse me parait avoir été à peu prés complétement negligée jusqu’à présent par les checheurs, qui se bornent parfois à faire, à propos de certains tableaux, des allusions impressionnistes à “un type de décoration persane”, à certains “dessins ressemblant à des peintures préhistoriques” etc., mais sans jamais aborder franchement la question des rapports entre l’art des aliénés et leurs cultures natives. Nous ne pouvons, dans ces conditions, partir de données déjà acquises, mais de simples hypothèses de travail.

I – Les psychologues qui ont tenté de découvrir les lois d’évolution de ladésagrégation de la personnalité ont cru pouvoir affirmer que la maladie va du plus ancien, et par conséquent que la personnalité culturelle est attaquée la première; mais c’est oublier que l’enculturation commence dès le plus jeune âge pour se poursuivre tout au cours de la vie; par conséquent il y a une stratification du culturel comme de tout l’ensemble de la personnalité et la maladie doit nous permettre de dégager “la personnalité de base” de ses suprastructures.

II – Nous devons certes rester très prudents dans la définition de stylesqui caractériseraent les diverses maladies mentales; il n’en reste pas moins que les tableaux des schyzophrènes présentent en géneral des structures différentes de ceux des maniaques, ou ceux des pervers des structures différentes de ceux des épileptiques. Ces différences se retrouvent dans toutes las ethnies. Mais il est vrai aussi que les grandes civilisations ont des styles artistiques différents; la question se pose donc d’examiner les rapports entre les structures pathologiques et les structures culturelles.

III – Ceci dit, chez les migrants, un phénomène nouveau apparait. Et onpourrait définir ce phénomène en termes freudiens. Par suite de la nécessité de s’adapter à un nouveau milieu, la civilisation originelle est refoulée sinon dans l’inconscient, du moins dans le “secret” du coeur; mais ce refoulement pose des problèmes, crée des états de tension, et nous devons nous demander dans quelle mesure le délire des malades mentaux, ne constitue pas un défoulement de la culture censurée, visible sur la trame des dessins ou des peintures. Si cette hypothèse s’avérait valable, nous pourrions nous trouver en présence d’um double on d’un triple, si l’on accepte la théorie de Jung, symbolisme, libidineux, archaique et enfin culturel.

IV – Quels seraient les rapports entre ces divers symbolisme? La culturen’est pas extérieure à l’individu, elle s’est par l’éducation intériorisée, et par conséquent elle se colore selon les individus de façon différente. L’art étant l’expression de la personnalité, que cette personnalité soit normale ou pathologique, la peinture ne nous mettra jamais qu’en présence de la culture introjectée et plus ou moins déformée par les problèmes de l’homme qui peint. L’étude des enfants nés de mariages mixtes pourrait nous révéler, mieux que n’import quelle autre, ce phénomène; prenons les cas par exemple d’un enfant de pére brésilien et de mère étrangère; on peut présumes à l’avance qui la culture de la mère apparaîtra ou sera niée par son inconscient selon que la libido sera une libido fixée à la mère ou fixée au pére.

V – Dans les cas des migrants malades mentaux, ce qui est important, cen’est pas la culture en elle-même, mais la culture en tant que signe d’un état de tension. Cependant nous ne pouvons aller au delà, et considérer le choc culturel comme le facteur originaire de la maladie. Ce peut être vrai dans certains cas; mais dans d’autres c’est un conflit enfantin qui peut réaviver le choc culturel; dans d’autres, ce sont des conflits sociaux, ou des discriminations ethniques (par exemple au niveau de l’emploi), ou encore une baisse du statut (alors qu’on changeait de pays pour l’améliorer), ou d’autres facteurs encore qui sont prépondérants. Dans tous ces cas, la culture native es symbolique d’une fuite à un problème qui, à l’origine, n’a rien à voir ou peu à voir avec le choc culturel. Inutile d’ajouter que ces chocs n’agissent que sur les personnes ne disposant pas, pour employer la terminologie de Janet, de ressources psychiques nécessaires afin de les résoudre.

Il nous est impossible, faute d’une documentation suffisante, de vérifier la valeur de ces diverses hypothèses. Mais les dessins ou les peintures recueillies à Juquery nous permettent aprendant de jeter quelque lumière sur les problèmes envisagés.

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