S'appuyant sur l'ethnographie du village du sud-ouest français où l'auteur a passé son enfance, cet article analyse les usages sociaux et le sens de la photographie et de la pratique photographique au sein de la société paysanne du Béarn, au début des années 1960. La photograhie y survient pour la première fois à l'occasion de céremonies importantes de la vie familiale et collective, comme les mariages, où elle jouait le rôle d'affirmer l'unité, la position et les frontières des lignées. Ces cérimonies pouvaient être photographiées parce qu'elles ne s'inséraient pas dans le quotidien, et devraient être photographiées pour célébrer et matérialiser l'image que le groupe voulait rendre de lui-même. Les photos ne sont donc pas vues et appréciées en tant que telles, c'est-à-dire par leurs qualités techniques ou esthétiques, mais comme des sociogrammes non professionnels qui permettent d'y inscrire visuellement les relations et les rôles sociaux.
photographie; paysannat; technologie; parentèle; esthétique; culture locale; Béarn