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Problématiques psychosociales de l'approche de la notion de sujet

Abstracts

Le présent article porte sur l'importance de la question du sujet dans les représentations sociales. Pour autant, il repasse quelques modèles de la psychologie sociale et fait alusion à de nouvelles perspectives sur le sujet développées dans les sciences sociales et humaines. Suite à un bref panorama de l'utilisation de la catégorie sujet dans l'histoire de cette discipline, privilégiant son retour aux sicences sociales dans les années 1990 et les notions reliées, telles que " acteur " et " agent ", on signale le besoin de travailler avec la notion de "subjectivation" dans des recherches qui considèrent la subjectivité sans perdre la dimension sociale dans l'étude des représentations, compte tenu de deux niveaux : le subjectif et le transubjectif.

Sujet; Subjectivité; Représentations Sociales; Psychologie Sociale


O presente artigo trata da importância da questão do sujeito nas representações sociais. Para tanto, repassa alguns modelos da psicologia social e alude às novas perspectivas sobre o sujeito desenvolvidas nas ciências sociais e humanas. Feito um breve panorama do uso da categoria sujeito na história dessa disciplina, com destaque a seu retorno às ciências sociais nos anos 1990 e a noções correlatas, como "ator" e "agente", aponta-se a necessidade de trabalhar com a noção de "subjetivação" em pesquisas que considerem a subjetividade sem perder a dimensão social no estudo das representações, consideradas em dois níveis: o subjetivo e o transubjetivo.

Sujeito; Subjetividade; Representações Sociais; Psicologia Social.


This article deals with the importance of the issue of the subject in social representations. In order to do this, it analyzes some models of social psychology and alludes to the new perspectives on the subject which were developed in the social sciences and humanities. After a brief overview of the use of the category of subject in the history of this discipline, especially its return to the social sciences in the 1990s, and the related notions such as "actor" and "agent", the need to work with the notion of "subjectivation" emerges in researches that consider subjectivity without losing the social dimension in the study of representations considered in two levels: the subjective and the trans-subjective.

Subject; Subjectivity; Social Representations; Social Psychology.


El presente artículo trata de la importancia de la cuestión del sujeto en las representaciones sociales. Para ello, repasa algunos modelos de la psicología social y alude a las nuevas perspectivas sobre el sujeto desarrolladas en las ciencias sociales y humanas. Como un breve panorama del uso de la categoría sujeto en la historia de dicha disciplina, con destaque para su retorno a las ciencias sociales en los años 1990 y a nociones correlacionadas, como "actor" y "agente", se señala la necesidad de trabajar con la noción de "subjetivación" en investigaciones que consideren a la subjetividad sin perder la dimensión social en el estudio de las representaciones, consideradas en dos niveles: el subjetivo y el trans-subjetivo.

Sujeto; Subjetividad; Representaciones Sociales; Psicología Social.


Cela fait déjà quelques temps que j'ai eu l'occasion d'aborder l'importance que revêt la question du sujet dans le champ d'étude représentations sociales (JODELET, 2005a, 2005b, 2008______. Loucuras e representações sociais. Petrópolis: Vozes, 2005b.a), soulignant que, à quelques exceptions près, en particulier les ouvrages de Fernando González Rey, elle n'avait guère retenu l'attention des chercheurs. Ce phénomène s'observait en dépit du fait que, dans les sciences sociales et humaines, la problématique du sujet était largement réintroduite et argumentée.

Dans ce qui suit, pour comprendre et dépasser cet état de chose, je vais en rappeler rapidement les raisons, aborder les nouvelles perspectives développées dans sciences sociales et humaines, avant de faire quelques propositions pour mener des études prenant en compte la subjectivité sans perdre la dimension sociale dans l'étude des représentations. Ces propositions sont fondées sur la nécessité de prendre en compte la notion de " subjectivation " introduite par des auteurs comme Deleuze, Guatari et Foucault, afin d'élaborer un schéma d'analyse de la production subjective, mais socialement informée, des représentations sociales.

Les raisons d'une réticence

Pour autant que l'approche des représentations sociales se donne comme un courant alternatif à ceux du mainstream en psychologie sociale, il est compréhensible qu'elle soit réticente à l'égard de la notion de sujet qui est souvent assimilée à celle d'individu. Dans son histoire de la psychologie sociale, Farr (1996FARR, R. The roots of modern social psychology. Oxford: Blackwell, 1996.) montre comment, dans beaucoup de modèles modernes de la discipline, la tendance dominante, particulièrement représentée aux Etats Unis, confère à la psychologie sociale une forme plus psychologique que sociale. Il en résulte un traitement de l'individu qui le coupe du social, de la culture et de l'ancrage contextuel et historique de son comportement, de ses façons de penser et d'agir. Avec pour résultat une individualisation de la discipline, contre laquelle la théorie des représentations sociales s'est élevée, en syntonie avec d'autres courants, plus développés en Europe, qui ont néanmoins développé des approches prenant en compte l'inscription sociale des acteurs, en continuité avec les œuvres où s'enracine la psychologie sociale (de Wundt à Mead en passant par Durkheim et Weber).

Dans dernière cette perspective, l'individu est pensé dans sa relation au collectif, au groupe, à la masse ou à la culture. Il perd son statut d'instance autonome, abordé d'un point de vue taxonomique ou différentiel, pour être pensé dans sa dépendance à, et son interaction avec son environnement social. Ainsi Moscovici, proposait-il, en 1970______. Préface. In: JODELET, D.; VIET, J.; BESNARD, P. (Ed.). La psychologie sociale: une discipline en mouvement. Paris, La Haye: Mouton, 1970., une optique sociale prenant:

[...] comme point focal l'unité globale constituée par l'interdépendance, réelle ou symbolique, de plusieurs sujets dans leur rapport à un environnement commun, que celui-ci soit de nature physique ou sociale. Une telle perspective est applicable aux phénomènes de groupe aussi bien qu'aux processus psychologiques et sociaux et intègre le fait de la relation sociale dans la description et l'explication des phénomènes psychologiques et sociaux. Dans ce cas, la relation Sujet-objet est médiée par l'intervention d'un autre sujet, d'un " Alter ", et devient une relation complexe de sujet à sujet et de sujets à objets. (MOSCOVICI, 1970, ______. Préface. In: JODELET, D.; VIET, J.; BESNARD, P. (Ed.). La psychologie sociale: une discipline en mouvement. Paris, La Haye: Mouton, 1970.p. 33)

L'introduction subreptice de la notion de sujet n'a pourtant pas eue tout de suite de retentissement dans les recherches de psychologie sociale qui, d'une part, restaient sensibles au danger d'individuation faisant perdre de vue son caractère social et, d'autre part, se centraient plus spécifiquement sur les processus d'interaction et de communication, localisant l'étude des représentations sociales dans l'espace intermédiaire tissé par les relations sociales et langagières. Chez Moscovici lui-même le modèle qu'il avait ainsi ébauché devait devenir, à partir de 1984, un paradigme, généralement référé, dont le terme de sujet est absent, avec l'hypothèse de la " triangulation " liant un "ego" et un " alter " dans leur rapport à un " objet ".

Une autre raison peut être alléguée pour comprendre ce désamour. Elle renvoie aux courants de pensée qui se sont développés dans la deuxième moitié du XXème siècle dans les sciences et la philosophie sociales. Comme je l'ai développé dans le texte cité en introduction (JODELET, 2008______. Representaciones sociales: contribución a un saber sociocultural sin fronteras. In: JODELET, D.; TAPIA, A. G. (Org.). Develando la cultura: estudios en representaciones sociales. México: EdUNAM, 2008c. p. 7-30.), la notion de "sujet" a disparu sous l'effet des divers anathèmes lancés par les "théories du soupçon" (positivisme, marxisme, freudisme), et par les penseurs structuralistes et post modernes11 11 Ces tendances ont été portées par d'éminentes figures (Nietzche, Lévi-Strauss, Lacan, Foucault, Althusser) ou les tenants du behaviorisme (Skinner, Watson) et du constructionnisme (Gergen). . Les uns et les autres ont associé le sujet à la conscience dont ils ont dénoncé le caractère illusoire de sa transparence à elle-même, l'ont qualifiée de fausse conscience, ou l'ont niée comme "boîte noire" inaccessible à l'étude objective, ou encore réifiée sous les déterminismes sociaux, dispersée dans les objectivations de l'identité. Ces condamnations ont sous-tendu ce que Touraine (2007TOURAINE, A. Penser autrement. Paris: Fayard, 2007.) appelle un " discours interprétatif dominant " qui déplaça la recherche vers des lieux extérieurs au sujet dans l'analyse et l'interprétation des faits sociaux et des conduites humaines et sociales, avec un effet sur les paradigmes d'investigation psychologique et sociale.

En psychologie sociale, ce mouvement a permis de réintroduire la dimension sociale dans l'approche des phénomènes étudiés. Mais, dans le même temps, cela a conduit à l'élimination de l'idée de sujet comme entité psychologique et mentale, l'attention se portant uniquement sur les phénomènes d'interaction, excluant tout un espace ayant à voir avec la dynamique psychique qui sous-tend la production de la pensée et de l'action et externalisant les phénomènes de représentation. Cela a conduit à oublier ou ignorer les contributions d'auteurs comme Kaès (1976KAËS, R. L'appareil psychique groupal: constructions du groupe. Paris: Dunod, 1976.) et Zavalloni (2007ZAVALLONI, M. Ego-écologie et identité: une approche naturaliste. Paris: PUF, 2007.), qui ont traité des relations entre représentations sociales et subjectivité et ce que Moscovici (1984MOSCOVICI, S. Le domaine de la psychologie sociale. In: MOSCOVICI, S. (Ed.). La psychologie sociale. Paris: PUF, 1984., p. 63) avait inclus dans " les thèmes prioritaires qui constituent ce que l'on peut appeler l'objet d'une science ", à savoir le " problème fondamental de la psychologie sociale : celui de la constitution du sujet social ". C'est à ce problème qu'il convient de revenir maintenant. Je vais tenter d'en aborder quelques aspects, après avoir examiné le mouvement opéré dans les sciences sociales et qui peut fournir quelques axes de réflexion.

Le sujet dans les sciences sociales

C'est dans le courant des années 1990, que l'on va observer un retour de la notion de sujet dans les sciences sociales, rendant " désormais possible de briser le silence imposé à toutes les conceptions du sujet, de ses représentations, de ses combats" (TOURAINE, 2007TOURAINE, A. Penser autrement. Paris: Fayard, 2007., p. 18). L'effondrement du mur de Berlin, entérinant la fin des " grands récits " déterministes alors qu'émergeait une pensée post-moderne ont facilité la réhabilitation d'un " sujet actif et pensant " et permis une conception qui " n'est plus celle de la divinisation du sujet, ni celle de sa dissolution ". Par ailleurs, l'échelle d'analyse du lien social " plus proche des acteurs sociaux " (DOSSE, 1997, DOSSE, F. L'empire du sens: l'humanisation des sciences humaines. Paris: La Découverte, 1997.p. 418), va orienter vers le quotidien et les représentations.

En sociologie, la notion de sujet va prendre la place de celle d'acteur introduite par Parsons (1992PARSONS, M. J. Compreender a arte: uma abordagem à estética do ponto de vista do desenvolvimento cognitivo. Lisboa: Presença, 1992.) et celle d'agent développée par Giddens (1993GIDDENS, A. Profiles and critiques in social theory. In: CASSELL, P. (Dir.). The Giddens reader. London: Macmillan Press, 1993 . [1982]). Le premier a d'abord été conçu comme le porteur de statuts et de rôles assignés au sein d'un système et plus tard comme le détenteur d'une potentialité de choix et de résistance aux contraintes du système, se rapprochant ainsi du second à qui sa connaissance et son autonomie permettent d'échapper à la passivité face aux pressions sociales. L'évolution de ces deux notions va correspondre chez Touraine (2007TOURAINE, A. Penser autrement. Paris: Fayard, 2007., p. 16) à l'avènement de la notion de sujet convoquée par la " transformation d'une conscience de soi qui devient plus forte que la conscience des règles, des normes ainsi que des exigences des systèmes dans lesquels on vit et agit ".

En histoire, la reconnaissance du sujet est liée à un changement de perspective qui remet en cause les déterminismes économiques, les conditionnements sociaux et les modèles impliquant une régulation de l'activité (positivisme) et du langage (linguistic turn). Avec la conséquence de réhabiliter l'action des sujets et le rôle des représentations et des identités dans l'évolution historique.

Ainsi se formula un nouveau paradigme, " le paradigme subjectiviste " (NOIRIEL, 1989NOIRIEL, G. Pour une approche subjectiviste du social. Annales ESC, n. 6, 1989.) référant à l'expérience vécue et l'investissement de sens dans les conduites, l'intériorisation des normes et valeurs dans l'espace intérieur des individus. Le phénomène d'intériorisation est également repris en anthropologie. Pour Godelier (2007GODELIER, M. Au fondement des sociétés humaines: ce que nous apprend l'anthropologie. Paris: Albin Michel, 2007., p. 179) :

[...] la présence idéelle et émotionnelle dans les individus des rapports sociaux qui caractérisent leur société constitue la part subjective de ces rapports sociaux, un ensemble de représentations et de valeurs qui se trouvent présentes tout autant dans l'individu que dans ses rapports aux autres, puisqu'elles donnent sens à leurs rapports.

Descola (2006DESCOLA, P. Par-delà nature et culture. Paris: Gallimard, 2006.) avance l'hypothèse que la manière de structurer l'expérience du monde et d'autrui dans les différentes cultures et époques est régie par des processus cognitifs dont le fonctionnement renvoie à une intériorité.

Ces évolutions repérées dans les sciences sociales, font ressortir quelques attributs de la notion de sujet: libération par rapport aux déterminismes sociaux et aux contraintes et assignations du système des rapports sociaux qui sont intériorisés et conscientisés; liberté de décision et d'action que traduit la notion d' " agentivité " (GIDDENS, 1993GIDDENS, A. Profiles and critiques in social theory. In: CASSELL, P. (Dir.). The Giddens reader. London: Macmillan Press, 1993 . [1982]); références aux processus psychologiques, émotionnels et cognitifs intervenant dans le rapport au contexte de vie ; réintégration de la prise en compte de l'expérience vécue dans l'univers quotidien et des représentations. Ces inflexions de la réflexion débouchent sur la question de savoir comment le sujet peut être à la fois produit et producteur du social, institué et instituant. Elles réclament une élaboration de ce qui est impliqué par la subjectivité et sur la manière dont fonctionne la subjectivation. La psychologie des représentations sociales pourrait contribuer à cette élaboration pour peu que soit approfondie l'analyse des relations entre mode de production et d'efficacité des représentions et subjectivité.

Subjectivité et subjectivation

Pour échapper au risque d'individuation que comporte le recours à la notion sujet, et en tirer parti pour l'enrichissement de l'approche psychosociale des représentations, deux lignes de pensée se dégagent :

1) Celle qui aborde la subjectivité d'un point de vue historico-culturel dont la contribution de González Rey (2002) GUATTARI, F. De la production de subjectivité. Revue Chimères, n. 4, p. 1-19, 1986.offre un panorama exhaustif. Cet auteur propose un schéma d'analyse des représentations sociales comme des mises en sens de la réalité, des configurations du réel forgées à partir des composantes symboliques, signifiantes, émotionnelles et identitaires du vécu et de l'action du sujet.

2) Celle qui rend compte du caractère social de la subjectivité par les processus de sa formation liés aux conditions politiques, historiques, économiques et culturelles : les processus de " subjectivation ". Cette conception est moins connue des psychologues sociaux, étant développées par des philosophes comme Deleuze et Guattari (1980DELEUZE, G.; GUATTARI, F. Mille plateaux. Paris: Minuit, 1980.) ou Foucault (2001______. Dits et écrits II, 1976-1988. Paris: Quarto, Gallimard, 2001b.a, 2001b), qui établissent un lien entre la question de la subjectivité et celles de l'assujettissement et de la sujétion. Ils insistent sur le fait que la subjectivité prend, dans le devenir historique, des formes et des figures dépendant des conditions sociales. Pour Deleuze et Guattari (1980DELEUZE, G.; GUATTARI, F. Mille plateaux. Paris: Minuit, 1980.), le sujet, pourrait échapper à son " assujettissement " aux règles et objectivations imposées par divers dispositifs institutionnels, en adoptant des formes de réappropriation existentielle et d'auto valorisation de leur être au monde. Foucault (2001FOUCAULT, M. L'herméneutique du sujet. Cours au Collège de France. 1981-1982. Paris: Gallimard, 2001a. (Hautes Études).a, 2001______. Dits et écrits II, 1976-1988. Paris: Quarto, Gallimard, 2001b.b), se démarquant de la perspective classique d'un sujet originaire, pose que le sujet a une " genèse ", une " formation " et une " histoire ", a cherché " à produire une histoire des différents modes de subjectivation de l'être humain dans notre culture ". Dans cette optique, il dégage " trois modes d'objectivation qui transforment les êtres humains en sujets " : a) les modes d'investigation scientifique qui transforment les individus en sujets parlant (linguistique), en sujets travailleurs et producteurs (économie), en sujets vivants (biologie). b) " les pratiques divisantes "par lesquelles le sujet est soit divisé à l'intérieur de lui-même (le fou, le malade) soit séparé des autres (le fou, le prisonnier) ; c) la manière dont l'homme a appris à se reconnaître comme sujet, ainsi que l'illustre son travail sur la sexualité (FOUCAULT, 1988______. História da sexualidade 1: a vontade de saber. Tradução de Maria Thereza da Costa Albuquerque e J. A. Guilhon Albuquerque. 22. ed. Rio de Janeiro: Graal, 1988. ).

Insistant sur la dépendance du sujet par rapport aux systèmes sociaux et de pouvoir, à la corrélation entre savoir et pouvoir, ces auteurs ont ainsi posé, globalement et de différentes façons, les conditions sociales de la subjectivation et les conditions réflexives d'une accession à un statut subjectif libéré, émancipé. Ils peuvent nous inspirer dans nos tentatives pour réintroduire le sujet dans l'approche des représentations sociales, en posant sa question " à partir d'une multiplicité de formes d'intersubjectivité et de modes de subjectivation " (LAPLANTINE, 2007LAPLANTINE, F. Le sujet: essai d'anthropologie politique. Paris: Tetraède, 2007., p. 17).

Subjectivation et représentations sociales

Comme je l'ai indiqué plus haut, la tendance de certains courants de la psychologie sociale - dont le notre - à abandonner la notion de sujet a répondu à la volonté d'écarter une vision désocialisée de l'individu. Ce faisant elle a apporté des contributions importantes qui pourront être utiles pour penser en de nouveaux termes la question du sujet et aborder sa constitution sociale, ses modes de subjectivation, de manière plus contextualisée et circonstanciée qu'à partir de l'appel à des conditions globales historiques, politiques, économiques, et même technologiques12 12 Il convient de souligner, au passage, que dès 1986, Guattari a anticipé un mode prégnant aujourd'hui d'imposition sociale sur les contenus de la subjectivité, celui des "systèmes machiniques": "Aucun domaine d'opinion, de pensée, d'images, d'affects, de narrativité ne peut désormais prétendre échapper à l'emprise envahissante de 'l'assistance par ordinateur', des banques de données, de la télématique, etc." (GUATTARI, 1986, p. 1). . Il ne s'agit nullement, bien sûr, de négliger ces dernières. Mais lorsque l'on travaille sur les représentations sociales avec un souci de compréhension et d'intervention (JODELET, 2014______. A prospos des jeux et enjeux de savoir dans l'education thérapeutique des patients. In: JOUET, E.; LAS VERGNAS, O.; NOËL-HUREAUX, E. (Ed.). Nouvelles coopérations réflexives en santé: de l'expérience des malades et des professionnels aux partenariats de soins, de formation et de recherche Paris: Archives Contemporaines, 2014.) dans divers champs de pratique (éducation, santé, politique, etc.), force est de penser en des termes prenant en compte les particularités affectant les individus qui y interviennent en sujets " pensant et agissant ", pour reprendre une expression consacrée aujourd'hui dans les sciences sociales.

Dans le champ d'étude des représentations sociales, ces apports tiennent d'une part au rôle accordé à la communication et à ses formes langagières, discursives, dialogiques et narratives. Il est cependant regrettable que ces approches en viennent à externaliser les processus de formation des représentations et n'éclaircissent pas la part qui revient à la participation de la subjectivité.

Or les processus communicatifs peuvent rendre compte de la façon dont, via la socialisation, l'éducation, l'échange social et le partage d'expériences, les sujets vont construire leur identité et leur réalité commune, comme le montre l'exemple suivant pris dans le champ de la santé. L'anthropologue P. Rabinow (2010RABINOW, P. L'artifice et les Lumières: de la sociobiologie à la biosocialité. Politix, v. 2, n. 90, p. 21-46, 2010.), élargissant la notion foucaldienne de " bio-pouvoir ", introduit celle de " bio-socialité " qui, résultant de la combinaison des évolutions technologiques et des évènements pathologiques, produit de nouvelles subjectivités et de nouvelles identités collectives. Les sujets dont les corps sont situés en un temps et en un lieu donné, se rapportent biologiquement de manière nouvelle à eux-mêmes et en relation à autrui et au temps.

Le partage du savoir sur le vivant devient une médiation permettant aux groupes de malades de devenir actifs et d'instaurer par l'association, l'échange sur les expériences, les modifications des formes de vie, de nouvelles identités individuelles et collectives et de nouveaux espaces publics. (RABINOW, 2010RABINOW, P. L'artifice et les Lumières: de la sociobiologie à la biosocialité. Politix, v. 2, n. 90, p. 21-46, 2010., p. 10)

On pourrait de manière semblable étudier comment, dans un cadre professionnel ou un espace de vie commun, des subjectivations originales vont être produites en commun, sur la base d'une expérience partagée. Les recherches dans le champ de l'éducation, montrent bien comment les nouvelles conditions de leur pratique dévalorisent les régulations institutionnelles et induisent chez les enseignants des constructions originales de leur actuation.

D'autre part, certains modèles rendent compte du caractère social des représentations en le rapportant soit à des systèmes de normes liés à une inscription sociale qui déterminent les positions individuelles, soit à l'agrégation d'éléments qui forment la structure sous jacente aux réponses individuelles. Dans tous ces cas, le social référé renvoie surtout à des groupes particuliers auxquels les individus appartiennent. Si ces modèles permettent de saisir l'influence qu'ont sur les processus cognitifs l'appartenance sociale et les cadres idéels et idéologiques qu'elle fournit, ils négligent le jeu de deux strates décisives dans le processus de subjectivation. D'un côté, les contextes particuliers qui orientent l'action et forment des subjectivités locales ; d'un autre côté, le système des instances politiques, rapports de production, relations de sens et de pouvoir imposant, à travers le temps, " des types historiques d'individualité " (FOUCAULT, 2001FOUCAULT, M. L'herméneutique du sujet. Cours au Collège de France. 1981-1982. Paris: Gallimard, 2001a. (Hautes Études).a, 2001______. Dits et écrits II, 1976-1988. Paris: Quarto, Gallimard, 2001b.b). Ce système participe de la culture dans laquelle nous sommes formés et adhérons avec un " attachement passionné " (BUTLER, 2002BUTLER, J. La vie psychique du pouvoir. Paris: Léo Scheer, 2002.).

Enfin, aucune de ces approches des représentations sociales ne fait place à des composantes vitales du sujet, sa corporéité et sa vie émotionnelle. Aujourd'hui le corps est explicitement traité dans les modèles de l' " incorporation " (embodiment) comme le medium qui permet de situer socialement la connaissance. Divers auteurs proposent de nouvelles directions pour une sociologie cognitive et culturelle s'appuyant sur les théories du " savoir incorporé " (IGNATOW, 2008IGNATOW, G. Theories of embodied knowledge: new directions for cultural and cognitive sociology? Journal for the Theory of Social Behavior, v. 37, n. 2, p. 115-135, 2008.) ou posent que toute théorie de la signification ou du savoir doit prendre en compte le corps (JOHNSON, 1987JOHNSON, M. The body in the mind. Chicago: University of Chicago Press, 1987.).

J'ai développé ailleurs (JODELET, 2014______. A prospos des jeux et enjeux de savoir dans l'education thérapeutique des patients. In: JOUET, E.; LAS VERGNAS, O.; NOËL-HUREAUX, E. (Ed.). Nouvelles coopérations réflexives en santé: de l'expérience des malades et des professionnels aux partenariats de soins, de formation et de recherche Paris: Archives Contemporaines, 2014.) comment l'embodiment donne un relief particulier à l'une des fonctions essentielles de la communication verbale et discursive, dégagée par l'analyse pragmatique des discours, à savoir l'expressivité. A côté de la dimension propositionnelle, renvoyant à un référent externe, et de la dimension performative visant l'interlocuteur, la dimension expressive manifeste les intentions et l'expérience vécue du sujet. Cette dimension confère aux émotions une fonction essentielle dans la vie mentale. Une telle perspective articule le développement émotionnel et sensori-moteur avec le social et le psychologique.

Ainsi, la prise en compte du corps et des émotions va devenir une clé pour penser complètement la subjectivité et son rapport au monde. Dès lors quand nous allons étudier la production des significations et des savoirs de sens commun, il nous faudra parcourir " la cartographie des territoires existentiels -impliquant des univers sensibles, cognitifs, affectifs, esthétiques, etc.- et cela, sur des aires et pour des périodes de temps bien délimités " (GUATTARI, 1986GUATTARI, F. De la production de subjectivité. Revue Chimères, n. 4, p. 1-19, 1986., p. 4). Nous aurons à distinguer entre ce qui renvoie à la connaissance et ce qui renvoie à une pensée qui se déploie à partir de l'expérience concrète, et y déceler le jeu d'une liberté. Ce constat et cette revendication de liberté fondent toutes les protestations contre les impositions et le contrôle du système social qui sont à la base des subjectivations propres à des temps et lieux d'exercice de l'activité particuliers.

Dans l'article sur " le retour du sujet " déjà cité (JODELET, 2008______. Experiência e representações sociais. In: MENIN, M. S. S., SHIMIZU, A. M. Experiência e representação social: questões teóricas e metodológicas. São Paulo: Casa do Psicólogo, 2005a. p. 23-56. ), j'ai essayé de construire un cadre pour analyser les représentations sociales en intégrant les différentes dimensions précédemment décrites. Ce cadre est synthétisé dans le schéma suivant qui place les représentations sociales au centre de trois sphères qui y sont inter reliées : la sphère subjective, intersubjective et transubjective.

Esquema 1
Les sphères d'appartenance des représentations sociales

Source: Jodelet (2008______. Representaciones sociales: contribución a un saber sociocultural sin fronteras. In: JODELET, D.; TAPIA, A. G. (Org.). Develando la cultura: estudios en representaciones sociales. México: EdUNAM, 2008c. p. 7-30.).

L'espace imparti à cet article ne permet pas d'entrer dans le détail des commentaires qui ont précédemment accompagné ce schéma. Y sont rassemblés les processus par lesquels le sujet social et socialisé, localement situé dans des contextes concrets de vie et de travail, s'approprie des représentations circulant dans l'espace commun et contribue à leur élaboration. La sphère de la subjectivité se rapporte au vécu expérientiel engageant le corps, la sensibilité et les émotions à côté des savoirs acquis ou construits. Elle met en jeu des processus psychiques et identitaires dont la compréhension appelle les contributions de la psychologie et de la psychanalyse. Ce capital privé peut infléchir la production représentationnelle socialement informée.

La sphère de l'intersubjectivité concerne les échanges et les interactions par le biais desquels se forgent, dans le consensus ou le dissensus, des représentations partagées dans des groupes définis. A cette sphère correspondent la plupart des modèles d'approche des représentations sociales et ceux que la psychologie propose pour traiter des processus socio cognitifs.

La sphère de la transubjectivité, peu conceptualisée jusqu'à présent en dehors de la sociologie (BOUDON, 1995BOUDON, R. Sens et raisons: théorie de l'argumentation et sciences humaines. Hermes, n. 16, p. 29-43, 1995.), renvoie à des éléments régulateurs des visions du monde, des idées et connaissances, des valeurs, des conduites que les individus et les groupes ont en commun en raison de leur implication dans une même situation matérielle ou d'une même condition sociale. Ces éléments sont localisés dans l'espace public ou social, et proviennent de différentes sources (depuis la communication médiatique jusqu'aux valeurs et normes culturelles, en passant par les contraintes liées aux cadres institutionnels, idéologiques, aux rapports de pouvoir, etc.). Ils sont endossés par les individus selon le mode de l'adhésion ou de l'imposition. Traversant les autres niveaux de l'élaboration représentative, ils constituent l'arrière fond des représentations partagées permettant l'intercompréhension (SEARLE, 1979SEARLE, J. Les actes de langage. Paris: Hermann, 1979.). Pour l'examen de cette sphère, la référence aux apports des sciences et de la philosophie sociales s'avèrent utiles.

Il résulte que l'approche de ces trois niveaux, - subjectif , inter et transubjectifs - , doit être menée conjointement et dans une perspective interdisciplinaire. Tout un programme ! Mais qui doit être affronté au vu de la complexité des phénomènes représentatifs. Les représentations sociales que nous étudions dans des milieux concrets où les individus déploient leur activité quotidienne, se trouvent à l'intersection des processus marquant chacun des niveaux. On ne peut manquer d'en décrypter la nature et l'intrication. Pour cela, comme je l'ai dit, les modèles que fournissent la théorisation psychosociale des représentations, la psychologie clinique et sociale offrent des ressources indéniables qui doivent être conjuguées avec les emprunts faits à d'autres disciplines. D'autant que celles-ci accordent une place importante aux représentations dans la constitution et la transformation du social (JODELET, 2015JODELET, D. Représentations sociales et mondes de vie. (textes édités par Nikos Kalampalikis). Paris: Editions des Archives Contemporaines, 2015.).

Dans l'examen de chacun des niveaux les références aux différents modèles utilisés dans l'approche sociétale des représentations peuvent servir de matrice aux emprunts à d'autres théories d'ordre psychologique, et sociologique ou philosophique. Ce fut le cas des premiers travaux sur les représentations sociales menés dans les années 1970-80 et dont certains se poursuivent jusqu'à présent -par exemple ceux de Kaès (1976KAËS, R. L'appareil psychique groupal: constructions du groupe. Paris: Dunod, 1976.) ; ceux sur l'identité sociale (ZAVALLONI, 2007ZAVALLONI, M. Ego-écologie et identité: une approche naturaliste. Paris: PUF, 2007.), ou ceux de Doise (1990DOISE, W. Les représentations sociales. In: GHIGLIONE, R.; BONNET, C.; RICHARD, J. F. (Ed.). Traité de Psychologie Cognitive 3: cognition, représentation, communication. Paris: Dunod, 1990. p. 111-174.), inspirés par Bourdieu.

Du point de vue de l'intersection entre les deux premiers niveaux, le modèle de Moscovici (1984MOSCOVICI, S. Le domaine de la psychologie sociale. In: MOSCOVICI, S. (Ed.). La psychologie sociale. Paris: PUF, 1984.) sur la triangulation " ego-alter-objet " a fourni un éclairage fécond sur la dépendance des positions individuelles par rapport aux relations interpersonnelles. Ce qui concerne l'articulation entre le troisième niveau, transubjectif, et les deux autres reste encore à l'état d'ébauche. J'ai essayé de montrer comment les modèles de la subjectivation proposés par la philosophie sociale permettent de fournir une interprétation sociale de la subjectivité et comment les éléments transubjectifs viennent soutenir comme arrière fond les échanges et interactions entre individus et groupes. Mais il faudrait aller plus loin en s'attachant à des contextes de vie et d'action définis pour examiner, d'une part, la façon dont s'opèrent les processus de subjectivation propres à un temps, une conjoncture sociale et un espace collectif ou institutionnel donnés; d'autre part comment les univers de pensée et d'action où baigne une collectivité se manifestent dans les représentations construites dans le privé ou l'interaction.

Conclusion

Le but de mon intervention était d'élargir l'horizon de l'approche des représentations sociales et de pointer les lieux où celle-ci peut offrir un espace pour la mise en œuvre des perspectives ainsi ouvertes. Un grand chantier se trouve ainsi balisé. Dans la distinction entre les différentes sphère d'appartenance des représentations sociales, deux niveaux (le subjectif et le transubjectif) méritent un effort de réflexion particulier et l'élaboration d'instruments conceptuels et méthodologiques adaptés. Cette entreprise doit être menée sans tarder, tant il est évident que, pour aborder les problèmes sensibles de notre monde contemporain, l'étude des représentations sociales doit s'armer perspectives plus amples.

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  • 1
    No original: "[...] comme point focal l'unité globale constituée par l'interdépendance, réelle ou symbolique, de plusieurs sujets dans leur rapport à un environnement commun, que celui-ci soit de nature physique ou sociale. Une telle perspective est applicable aux phénomènes de groupe aussi bien qu'aux processus psychologiques et sociaux et intègre le fait de la relation sociale dans la description et l'explication des phénomènes psychologiques et sociaux. Dans ce cas, la relation Sujet-objet est médiée par l'intervention d'un autre sujet, d'un " Alter ", et devient une relation complexe de sujet à sujet et de sujets à objets".
  • 2
    Essas tendências foram conduzidas por eminentes figuras (Nietzsche, Lévi-Strauss, Lacan, Foucault, Althusser) ou pelos adeptos do behaviorismo (Skinner, Watson) e do construcionismo (Gergen).
  • 3
    No original: "[...] les thèmes prioritaires qui constituent ce que l'on peut appeler l'objet d'une science", à savoir "le problème fondamental de la psychologie sociale: celui de la constitution du sujet social".
  • 4
    No original: "[...] désormais possible de briser le silence imposé à toutes les conceptions du sujet, de ses représentations, de ses combats".
  • 5
    No original: "[...] transformation d'une conscience de soi qui devient plus forte que la conscience des règles, des normes ainsi que des exigences des systèmes dans lesquels on vit et agit".
  • 6
    No original: "[...] la présence idéelle et émotionnelle dans les individus des rapports sociaux qui caractérisent leur société constitue la part subjective de ces rapports sociaux, un ensemble de représentations et de valeurs qui se trouvent présentes tout autant dans l'individu que dans ses rapports aux autres, puisqu'elles donnent sens à leurs rapports".
  • 7
    No original: "[...] à partir d'une multiplicité de formes d'intersubjectivité et de modes de subjectivation".
  • 8
    Convém lembrar, de passsagem, que, desde 1986, Guattari antecipou um modo hoje muito disseminado de imposição social sobre os conteúdos da subjetividade: o dos "sistemas mecânicos": "Nenhum setor de opinião, de pensamento, de imagens, de afetos, de narratividade pode de agora em diante pretender escapar da ação invasiva da 'assistência por computador', dos bancos de dados, da telemática, etc." (GUATTARI, 1986, p. 1).
  • 9
    No original: "Le partage du savoir sur le vivant devient une médiation permettant aux groupes de malades de devenir actifs et d'instaurer par l'association, l'échange sur les expériences, les modifications des formes de vie, de nouvelles identités individuelles et collectives et de nouveaux espaces publics".
  • 10
    No original: "[...] la cartographie des territoires existentiels - impliquant des univers sensibles, cognitifs, affectifs, esthétiques, etc.- et cela, sur des aires et pour des périodes de temps bien délimité".
  • 11
    Ces tendances ont été portées par d'éminentes figures (Nietzche, Lévi-Strauss, Lacan, Foucault, Althusser) ou les tenants du behaviorisme (Skinner, Watson) et du constructionnisme (Gergen).
  • 12
    Il convient de souligner, au passage, que dès 1986, Guattari a anticipé un mode prégnant aujourd'hui d'imposition sociale sur les contenus de la subjectivité, celui des "systèmes machiniques": "Aucun domaine d'opinion, de pensée, d'images, d'affects, de narrativité ne peut désormais prétendre échapper à l'emprise envahissante de 'l'assistance par ordinateur', des banques de données, de la télématique, etc." (GUATTARI, 1986, p. 1).

Publication Dates

  • Publication in this collection
    June 2015

History

  • Received
    Mar 2015
  • Accepted
    May 2015
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