L’article traite de la manière dont l’inflexion populiste-autoritaire du néolibéralisme mondial a gagné du terrain au Brésil par friction avec sa densité historique post-coloniale, marquée par la disjonction entre des idéaux égalitaires et universalistes libéraux et une réalité sociale inégalitaire et particulariste. Une attention particulière sera accordée à la convergence infrastructurelle entre néolibéralisation et plateformisation, qui, en consolidant une temporalité paradoxale de crise permanente (Chun, 2016), fait place à des résonances avec des “forces et des pouvoirs” qui opèrent aussi de manière non-linéaire selon une métaphysique du désordre, comme les diverses formes de nostalgie, millénarisme et traditionalisme qui accompagnent la montée de la droite radicale dans le monde. Je développe l’argument à partir de deux moments du bolsonarisme: le messianisme populiste lors des élections de 2018 et, pendant la pandémie de covid-19, sa routinisation paradoxale en tant que gouvernement parasite qui opère dans une temporalité d’exception. Il est suggéré que, face à la dérive illibérale du néolibéralisme contemporain, le bolsonarisme lance le Brésil sur la avant garde, donc en remettant les idées “en place”.
Néolibéralisme; Plateformisation; Brésil; Bolonarisme; Crise