RÉSUMÉ
Le “virage décolonial”, en adaptant l’argument postcolonial à l’Amérique latine, suggère que la colonialité constitue la face caché et constitutive de la modernité. Si l’on part de la constatation critique de ce que le problème de l’impérialisme est sous-estimé par ses principaux théoriciens, les questions suivantes se posent: est-il possible de penser la relation entre colonialité et de la modernité sans y inclure la dynamique de l’“impérialité”? Comment expliquer la reproduction des nouvelles formes de colonialisme sans prendre en compte les nouvelles formes d’impérialisme? Dans cet article, je proposerai ainsi le concept d’Impérialité en tant que lacune empêchant l’explication des mécanismes de reproduction de la colonialité. Si l’on entend cette impérialité comme logique de l’impérialisme constitutive et indissociable de la colonialité, on verra que les stratégies de décolonisation doivent s’adresser d’abord à elle plutôt qu’à la modernité proprement dite. L’informalité, l’invisibilité et la nébulosité des mécanismes contemporains de l’impérialité reproduisent dans le contexte global un impérialisme sans empire au moyen d’une gouvernance sans gouvernement.
impérialisme/impérialité; colonialisme/colonialité; marxisme; post-colonialisme; gouvernance globale