Résumé
La visibilité sociale et académique des hommes transgenres est arrivée tardivement, par rapport aux femmes transgenres. Plus invisibles encore sont les expériences de transition des hommes noirs transgenres, qui cumulent l’intersection entre le sexe et la race. Cette étude qualitative visait à analyser la manière dont les hommes transsexuels noirs vivent leurs expériences de transition de genre à la lumière du concept d’intersectionnalité. Quatre hommes qui se sont déclarés noirs et transsexuels, âgés de 22 à 33 ans, ont participé à l’enquête. Des entretiens semi-structurés ont été menés, suivis d’une analyse thématique. Les résultats montrent que la reconnaissance sociale des identités transmasculines passe par le racisme, lorsqu’il s’entrecroise avec la transphobie. Au fur et à mesure que le sujet est lu comme un homme, il reçoit l’attribut raciste de « dangereux ». La faible employabilité est l’une des conséquences perverses de cette lecture qui articule les deux axes de subordination: le transgenre et la race. Il est urgent que les politiques publiques brisent ce cycle de désautonomisation intersectionnelle.
Mots-clés:
transsexualisme; relations ethniques et raciales; racisme; identité de genre; intersectionnalité