Dans le processus de sécularisation progressive de la société, qui, en Europe et en Amérique, renouvela son élan à la fin du XIXe siècle, les relations entre l'église et l'état se présentèrent souvent comme une dynamique conflictuelle que l'historiographie dénomme de «question religieuse». Dans cet article, je me propose d'analyser un point culminant que cette difficile relation prit au Portugal, à partir de l'étude d'un épisode spécifique qui, par un concours de circonstances et prédispositions, fut érigé en événement marquant pour le processus de sécularisation de la société portugaise. Il s'agit de la controverse générée autour de la vocation religieuse de la fille de consul du Brésil à Porto - affaire qui conduisit à un des débats les plus houleux sur la religiosité, les droits individuels et le caractère confessionnel de l'Etat, qui impliqua aussi bien les instances gouvernementales que la société civile en une mobilisation inédite pour ce genre de thèmes. L'anti-congrégationalisme, l'anticléricalisme et le militantisme laïque furent les protagonistes de cet épisode, dans lequel s'engagèrent citoyens et chancelleries brésiliens, et où on peut identifier en toute netteté les lignes de clivage qui devraient plus tard façonner les contours de la question religieuse pendant la 1ère république portugaise, entre 1910 et 1926.
religion; anticléricalisme; laïcité