Resumé
Cet article présente des narrations bijaa (balanta mané) sur le peuplement, les identités et les divisions territoriales du pays ajaa sur la rive gauche du fleuve Cacheu (Guinée-Bissau) et dans le Balantakunda (Sénégal). Dans ce cas particulier, la possibilité d’intégrer des sources orales et des documents écrits primaires permet de constater une continuité des transmissions depuis le XVIIe siècle à partir des observations des commerçants et témoins directs Lemos Coelho (1669) et Bertrand-Bocandé (1837-1848), des informations du commandant militaire et cartographe Graça Falcão (1894-1897), des Cahiers de recouvrement fiscal à partir des années 1920, et finalement des narrations bijaa sur la fondation des territoires et villages du Jaa. L’ensemble des perspectives, extérieures et locales, donnent l’idée d’une stabilité territoriale à long terme mais aussi d’une énorme fluidité identitaire au niveau des acteurs dominants, bañun/kasanga, mandinka, ajaa. La configuration territoire, sanctuaires, clans/lignages perdure, tandis que les identités ethniques des occupants et conquéreurs successifs se confondent ou superposent. L’article se veut une invitation à des enquêtes - en accord avec de nouvelles approches socio linguistiques (Lüpke, 2018LÜPKE, Friederike. Multiple choice: language use and cultural practice in rural Casamance between convergence and divergence. In: KNÖRR, Jacqueline; FILHO, Wilson Trajano (eds.). Creolization and pidginization in contexts of postcolonial diversity: language, culture, identity. Leiden: Brill, 2018, p.181-208.) - sur l’unité culturelle et les mémoires orales partagées par de différents occupants du même espace qui ne parlent pas nécessairement la même langue.
Mots clé
narrations bijaa; conquêtes du Kasa; superposition identitaire