Cet article se penche la question suivante: existe-t-il un abordage spécialisé de l’humain qui, sans être une psychologie ni la psychiatrie, conserverait les moyens méthodologiques d’un projet d’observer et de décrire les troubles psychiques et comprendre le fait qu’ils aient lieu de manière phénoménale singulière au cœur de la généralité de l’expérience?
Cette question a été posée par Karl Jaspers en 1910, dans les travaux qui ont précédé la publication de sa Psychopathologie Générale.
Le problème auquel nous nous verrions alors confrontés serait celui de la condition phénoménologique de la psychopathologie, c’est-à-dire de la volonté de ne pas la faire dériver ni dépendre de la psychologie. Et si la psychiatrie est, depuis assez longtemps, un terrain d’observation et de recherche rationnelle de classifications, il faut bien constater que ses pratiques empiriques ont été, depuis longtemps, considérées impotentes pour conduire à la constitution d’une psychopathologie.
Ainsi, l’auteur est amené à soutenir qu’il serait fort opportun de penser le projet d’une psychopathologie fondamentale comme un projet de nature interscientifique, dans lequel l’épistémologie comparative des modèles et de leur fonctionnement théorico-critique jouerait le rôle déterminant d’une conscience de leur limite opérationnelle et de leur aptitude à se transformer les uns les autres.